Douce
violence
A l’instar de J. Dubuffet qui disait «vivre une asphyxiante culture», ou de G. Bijl pour qui "la civilisation ne lui inspire aucune fierté" Véronique pointe l’urgence d’un retour au bon sens dans notre société à la dérive. Elle est de ces artistes qui ont une émotion et un discours en phase avec nos contemporains.
Fr. Truffaut, cinéaste de la nouvelle vague (réaliste) nous donne à voir dans ses films tous les drames et bonheurs de l’existence qui se joue en petit avec force et émotion.
Nous sommes bien souvent troublés par cette distance entre la maturité de l’action représentée et ses jeunes ados, qui connaissent peu ou prou le métier d’acteur. Véronique fait aussi ce grand écart sur une surface sensible en endossant une blouse de psychologue et d’anthropologue de notre quotidien.
Elle s’approprie chaque enfant, le temps d’un instantané, pour lui donner la parole, et montrer son simulacre d’existence. Nous sommes dans une littéralité d’images muettes et inexpressives.
Cette beauté Baudelairienne nous plonge directement dans notre système de société
en faillite. Ces portraits sont suspendus dans un décor souvent absent ou neutre comme des personnalités perdues dans l’immensité du monde qui les entourent. Ils sont sans identité.
De toute évidence, il manque de la substance, une histoire, du sacré ou de la lumière.
Étape délicate et décisive de l’existence, l’enfance n’est pas "ce monde parfait" que JJ.
Rousseau décrivait, mais un sombre miroir du monde adulte.
L’œuvre de Véronique met en exergue une responsabilité, une primauté de l’individu, une résistance dans une société d’obscurantisme. Elle prône simplement l’existence sans détermination, sans prédicat. Ce basculement du signe au simulacre de nos enfants est notre reflet; celui du Disneyland dans lequel nous vivons. A défaut de changer le monde, commençons par changer notre regard et battons nous déjà pour cette liberté mentale.
Pour Véronique...
"Ces deux certitudes, mon appétit d’absolu et d’unité, et l’irréductibilité de ce monde à un principe rationnel et raisonnable, je sais que je ne puis les concilier."
Camus
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Salon d'art contemporain
Texte: Frédéric
Vanhooteghem 08 novembre 2008
Source: "lesfildeferistes"
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